Si nombreux que soient les échanges qui, au cours de l'histoire, se sont opérés entre cultures différentes, et bien qu'aucune d'entre elles ne puisse être considérée comme exempte de tout mélange, le fait est que de telles différences existent et qu'il est possible de définir, dans l'espace et dans le temps, des cultures douées chacune de sa physionomie : il y a eu, par exemple, une culture germanique qu'a décrite Tacite et à laquelle cet historien romain s'est intéressé dans la mesure, précisément, où elle se différenciait de la culture latine ; de nos jours, les ethnographes ont pour mission d'étudier des cultures passablement éloignées de celle qui, à quelques variantes près, se révèle commune à l'ensemble des nations du monde occidental. Aux caractères censément « primitifs » que les hommes de race blanche croient voir se manifester dans le physique des hommes de couleur (illusion naïve, car à l'égard de certains traits ce serait bien plutôt le blanc, avec ses lèvres minces et sa pilosité plus abondante, qui se rapprocherait des singes anthropoïdes) on a pensé que correspondait une infériorité d'ordre psychologique. Il fuyait ses ennuis métropolitains, emportant avec lui un primitivisme d’avant-garde qui obscurcissait sa perception de l’Afrique, de ses peuples et de ses cultures. Les hommes qui diffèrent de nous par la culture ne sont ni plus ni moins moraux que nous ; chaque société possède son idéal moral selon lequel elle distingue ses bons et ses méchants et l'on ne peut, assurément, juger de la moralité d'une culture (ou d'une race) d'après le comportement, parfois blâmable à notre point de vue, de tels de ses représentants dans les conditions très spéciales que crée pour eux le fait d'être assujettis au régime colonial ou brusquement transplantés dans un autre pays comme travailleurs (qui mèneront, dans la majorité des cas, une existence misérable) ou bien à titre militaire. Si forte est, d'une manière générale, l'emprise de la culture sur l'individu que même la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires — ceux qu'on peut qualifier de biologiques parce que les hommes les partagent avec les autres mammifères : nutrition, par exemple, protection et reproduction — n'échappe jamais aux règles imposées par l'usage, sauf circonstances exceptionnelles : un Occidental, s'il s'agit d'un individu normal, ne mangera pas de chien à moins d'être menacé de mourir de faim et, en revanche, beaucoup de peuples n'auraient que du dégoût pour certains mets dont nous nous régalons ; un homme quel qu'il soit s'habillera selon son rang (ou bien selon le rang qu'il voudrait faire passer pour le sien) et la coutume — ou mode — en l'occurrence primera souvent les considérations pratiques ; dans nulle société, enfin, le commerce sexuel n'est libre et il existe partout des règles — variables d'une culture à une autre culture — pour proscrire certaines unions que les membres de la société envisagée regardent comme incestueuses et, de ce fait, comme constituant des crimes. Œuvres principales L'Afrique fantôme (1934) L'Âge d'homme (1939) La Règle du jeu (1948-1976) Miroir de la tauromachie (1938) modifier Michel Leiris (Julien Michel Leiris), né le 20 avril 1901 à Paris 16 e et mort le 30 septembre 1990 à 89 ans à Saint-Hilaire dans l' Essonne , est un écrivain , poète , ethnologue et critique d'art français . Best known for his four-volume autobiography La r gle du jeu (1948 76), he was the author of an astonishing range of works including poetry, criticism, ethnography, sociology, and art history. Licence de Portugais, Université de Haute-Bretagne, 1980. Ceux qui hasarderaient, toutefois, une pareille assertion auraient chance d'être pris bien souvent en défaut ; car il s'en faut de beaucoup que tous les Anglais présentent ces caractères et, même en admettant qu'ils soient ceux de l’« Anglais typique », il n'en demeurerait pas moins que ces caractères extérieurs ne sont pas des caractères physiques : attitudes corporelles, façons de se mouvoir ou de faire jouer les muscles de la face relèvent du comportement ; ce sont des habitudes, liées au fait qu'on appartient à un certain milieu social ; loin d'être choses de nature ce sont choses de culture et — si l'on peut à la rigueur les regarder comme des traits, non pas « nationaux » (ce qui serait généraliser d'une manière abusive), mais communs dans une certaine classe de la société pour un certain pays ou une certaine région dudit pays — on ne saurait les compter parmi les signes distinctifs des races. The Viking Press, New York, 1945. Loin d'être limitée à ce qu'on entend dans la conversation courante quand on dit d'une personne [22] qu'elle est — ou qu'elle n'est guère — « cultivée » (c'est-à-dire pourvue d'une somme plus ou moins riche et variée de connaissances dans les principales branches des arts, des lettres et des sciences tels qu'ils se sont constitués en Occident), loin de s'identifier à cette « Culture » de prestige qui n'est que l'efflorescence d'un vaste ensemble par lequel elle est conditionnée et dont elle n'est que l'expression fragmentaire, la culture doit donc être conçue comme comprenant, en vérité, tout cet ensemble plus ou moins cohérent d'idées, de mécanismes, d'institutions et d'objets qui orientent — explicitement ou implicitement — la conduite des membres d'un groupe donné. La question [8] se complique, toutefois, dès que nous prenons en considération le fait qu'entre ces divers groupes il s'opère des métissages. Du point de vue psychologique, la culture d'une société consiste en la totalité des façons de penser et de réagir et des modes de conduite accoutumés que les membres de cette société ont acquis par voie d'éducation ou d'imitation et qui leur sont plus ou moins communs. Superbe texte de combat: contribution de Michel Leiris au Congrès culturel de la Havane en janvier 1968, accompagnée d'un … Hinds, Hayden and Eldredge, New York, Philadelphia, 1942. This is the first full-length study in English of the work of Michel Leiris, a central figure in contemporary French culture. Dans la mesure où la culture comprend tout ce qui est socialement hérité ou transmis, son domaine englobe les ordres de faits les plus différents : croyances, connaissances, sentiments, littérature (souvent si riche, alors sous forme orale, chez les peuples sans écriture) sont des éléments culturels, de même que le langage ou tout autre système de symboles (emblèmes religieux, par exemple) qui est leur véhicule ; règles de parenté, systèmes d'éducation, formes de gouvernement et tous les modes selon lesquels s'ordonnent les rapports sociaux sont culturels également ; gestes, attitudes corporelles, voire même expressions du visage, relèvent de la culture eux aussi, étant pour une large part choses socialement acquises, par voie d'éducation ou d'imitation ; types d'habitation ou de vêtements, outillage, objets fabriqués et objets d'art — toujours traditionnels au moins à quelque degré — représentent, entre autres éléments, la culture sous son aspect matériel. 1 L’œuvre autobiographique de Michel Leiris constitue un terrain tout à fait privilégié pour interroger les rapports entre psychanalyse et littérature. Après avoir fait d'innombrables victimes civiles et militaires la récente guerre mondiale s'est terminée, sans que l'humanité y ait trouvé un apaisement, par la défaite de l'Allemagne nazie et des puissances qui avaient fait cause commune avec elle. - Leiris, L'Âge d'homme - J. Roisin, Ceci n'est pas une biographie de René Magritte > Michel Leiris, L'Age d'Homme: étude de l'oeuvre intégrale Document envoyé le 30-06-2006 par Marianne Lafforgue Séquence autour de la problématique : "La sincérité et l authenticité du récit autobiographique sont-elles compatibles avec la fiction ?" Il faut noter, toutefois, qu'il s'agit là d'une vue théorique car l'individu en question, même si sa famille d'adoption était exempte de toute espèce de préjugé racial, se trouverait (ne serait-ce que par le fait de sa singularité extérieure) dans une situation distincte, en vérité, de celle des autres enfants ; pour que l'expérience soit valable, il faudrait, en tout cas, pouvoir éliminer l'influence (d'orientation et d'importance non prévisibles) qu'aurait vraisemblablement sur l'individu ainsi adopté le fait d'être regardé comme différent des autres, sinon par son entourage immédiat, du moins par d'autres membres de la société. The Catholic University of America Press, Washington D.C., et Longmans, Green and Co., London, New York, Toronto, 1941. La première partie passe en revue les éléments du texte du Cadre qui permettent d’apprécier sa conception de la nature et de la place de la dimension linguistique dans le langage. Jusqu'à une époque récente l'homme d'Occident — qui, avec le grand mouvement d'expansion coloniale qu'inaugurent les découvertes maritimes de la fin du XVe siècle, s'est implanté jusque dans les régions terrestres les plus éloignées de l'Europe et les plus différentes par le climat, instaurant au moins temporairement dans toutes ces régions sa domination politique et apportant avec lui des formes de culture qui lui étaient propres — l'homme d'Occident, cédant à un égocentrisme assurément naïf (encore qu'il fût normal qu'il tirât quelque orgueil du développement impressionnant pris chez lui par les techniques), s'est imaginé que la Civilisation se confondait avec sa civilisation, la Culture avec la sienne propre (ou du moins celle qui dans le monde occidental était l'apanage des classes les plus aisées) et n'a cessé de regarder les peuples exotiques avec lesquels il entrait en contact pour exploiter leur pays, s'y approvisionner en produits étrangers à l'Europe, y trouver de nouveaux marchés ou assurer simplement ses précédentes conquêtes, soit comme des « sauvages » [19] incultes et abandonnés à leurs instincts soit comme des « barbares », employant pour désigner ceux qu'il considérait comme à demi civilisés quoique inférieurs ce terme que la Grèce antique appliquait péjorativement aux étrangers. Philippe Lejeune : « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Il est donc vain de chercher dans les données biologiques [36] relatives à la race une explication des différences que l'on constate entre les réalisations culturelles auxquelles sont arrivés les divers peuples. De tels changements peuvent s'opérer de deux façons : innovation venant de l'intérieur de la société, sous la forme d'une invention ou d'une découverte ; innovation venant de l'extérieur, sous la forme d'un emprunt (spontané ou s'effectuant sous contrainte). Pour en être assuré, il suffit de prendre en considération un fait aussi élémentaire que celui-ci : nulle part au monde on ne trouve de peuple où le corps soit laissé à l'état entièrement brut, exempt de tout vêtement, parure ou rectification quelconque (sous la forme de tatouage, scarification ou autre mutilation), comme s'il était impossible — si diverses que soient les idées dans le domaine de ce qu'en Occident on nomme la pudeur — de s'accommoder de ce corps en le prenant tel qu'il est de naissance. apporter un concours indirect mais positif à ceux qui, ressortis-sants de ce monde noir, luttaient contre l'oppression et affir-maient sur plus d'un point du globe leur particularisme culturel. Faire le point de ce qu'on est fondé à regarder comme scientifiquement acquis quant aux domaines qu'il convient d'assigner respectivement à la « race » et à la « civilisation » ; montrer qu'un individu, compte non tenu de ce qui lui vient de son expérience propre, doit le plus clair de son conditionnement psychique à la culture qui l'a formé, laquelle culture est elle-même une formation historique ; amener à reconnaître que, loin de représenter la simple mise en formule de quelque chose d'instinctif, le préjugé racial est bel et bien un « préjugé » — à savoir une opinion préconçue — d'origine culturelle et qui, vieux d'à peine plus de trois siècles, s'est constitué et a pris les développements que l'on sait pour des raisons d'ordre économique et d'ordre politique : tel est le but de la présente étude. De même, si l'histoire a assisté à réclusion de civilisations très distinctes et si les sociétés humaines actuelles sont séparées par des différences plus ou moins profondes, il n'en faut pas chercher la cause dans l'évolution raciale de l'humanité amenée [6] (par le jeu de facteurs tels que la modification dans les situations respectives des « gènes » ou particules qui déterminent l'hérédité, leur changement de structure, l'hybridation et la sélection naturelle) à se différencier à partir de la souche unique dont tous les hommes qui peuplent aujourd'hui la terre sont vraisemblablement issus ; ces différences s'inscrivent dans le cadre de variations culturelles qu'on ne saurait expliquer ni par le soubassement biologique ni même par l'influence du milieu géographique, pour impossible qu'il soit de négliger le rôle de ce dernier facteur, ne serait-ce que comme élément faisant partie intégrante des situations auxquelles les sociétés ont à faire face. traduction boli dans le dictionnaire Francais - Espagnol de Reverso, voir aussi 'bolide',Bolivie',bolivien',boulier', conjugaison, expressions idiomatiques L'erreur qui fournit un semblant de base théorique au préjugé de race repose principalement sur une confusion entre faits naturels, d'une part, et faits culturels, d'autre part, ou — pour être plus précis — entre les caractères qu'un homme possède de naissance en raison de ses origines ethniques et ceux qu'il tient du milieu dans lequel il a été élevé, héritage social que trop souvent, par ignorance ou intentionnellement, on omet de distinguer de ce qui est en lui héritage racial, tels certains traits frappants de son apparence physique (couleur de la peau, par exemple) et d'autres traits moins évidents. 2e édition. — n'autorisent pas à préjuger l'existence de manières d'être et d'agir propres aux membres de chacune des variétés humaines : dès qu'on abandonne le terrain de la biologie pure, le mot « race » perd toute espèce de signification. On peut présumer que ce qui serait susceptible d'intervenir comme facteur particulier de différenciation serait, plutôt que la race, le préjugé de race, qui suffit à créer pour ceux qui en sont l'objet — même s'ils ne sont pas victimes d'une discrimination positive — une situation sans commune mesure avec la situation de ceux dont nulle idée préconçue ne peut faire dire qu'ils ne sont pas « comme tout le monde ». Je veux dire que je subis dans la gorge une opération qui consista à m'enlever des végétations ; l'intervention eut lieu d'une manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Or l'environnement physique lui-même n'est pas un environnement « naturel » mais, dans une mesure d'ailleurs variable, un environnement « culturel » : l'habitat d'un groupe donné a toujours été plus ou moins façonné par ce groupe s'il s'agit d'un groupe sédentaire (pratiquant, par exemple, l'agriculture ou menant une vie urbaine), et même dans le cas où le groupe est nomade des éléments artificiels, tels la tente ou la hutte, entreront pour une part dans le décor de sa vie ; de plus, ce n'est pas de façon immédiate mais à travers la culture (les connaissances, croyances et activités) du groupe que s'établissent les rapports entre l'individu et les éléments,  artificiels ou non,  de  son environnement. Grâce au prestige des monuments qu'elles ont laissés ou du seul fait de leurs relations avec le monde de l'antiquité classique (soit le monde gréco-romain) certaines grandes cultures — ou séries de cultures successives — que l'Orient a vues se développer ont, assez tôt, acquis droit de cité pour la pensée occidentale : celles qui ont eu pour théâtre le Proche-Orient (avec l'Égypte, la Palestine qui a laissé des livres saints en guise de monuments, et la Phénicie par exemple), le Moyen-Orient (avec l'Assyrie, la Chaldée, la Perse) avaient joui d'un rayonnement suffisant pour être classées très vite parmi les « civilisations » jugées dignes de ce nom. Toutefois, de leurs physiques différents à leurs mentalités différentes il n'y a nul rapport démontrable de cause à effet ; on observe seulement que ces deux hommes relèvent de deux civilisations distinctes, et cette distinction n'est même pas telle qu'on ne puisse trouver entre eux certaines similitudes liées à l'analogie relative de leurs positions sociales, de même qu'un paysan normand et un paysan mandingue, qui vivent tous les deux de la parcelle de terre qu'ils détiennent, ont chance de présenter un minimum de points de ressemblance, outre ceux que tous les hommes ont de communs entre eux. Toute ma représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n'est qu'une vaste prison ou salle de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecins, chair à canons, chair à cercueil ; comme la promesse fallacieuse de m'emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce qui peut m'arriver d'agréable en attendant n'est qu'un leurre, une façon de me dorer la pilule pour me conduire plus sûrement à l'abattoir où, tôt ou tard, je dois être mené. Ainsi, la latinité ne s'est pas limitée à l'Italie ni même à l'Europe méditerranéenne et l'on peut retrouver sa marque dans des pays (Angleterre et Allemagne occidentale, par exemple) dont les habitants, aujourd'hui, ne se regardent pas comme faisant partie du monde latin.