28Le second axe concerne des travaux cherchant à mettre en exergue des invariants de la politique africaine, voire du politique en Afrique. In. L’histoire de la science politique montre une évolution des méthodes utilisées qui s’inscrit néanmoins dans une certaine continuité du point de vue de la rigueur de l’analyse. L’analyse des conflits était, dans ce sens, basée essentiellement sur l’utilisation de facteurs identitaires46 et l’analyse de l’intégration revenait souvent à celle de l’État et de la souveraineté. 3L’absence de travaux de science politique proprement dite lors des premières recherches sur l’Afrique a peu à peu été comblée. 40 Michael Bratton et Nicolas Van de Walle, Democratic Experiments in Africa: Regime Transitions in Comparative Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1997. Le résultat, c’est l’approfondissement de la crise7, l’expatriation et la dispersion des chercheurs, desquelles résulte la difficulté de générer un appareil théorique et conceptuel issu des terrains et des chercheurs africains. L’ancienne colonie britannique est devenue une référence en Afrique pour sa stabilité politique et son respect de l'Etat de droit. © Presses de l’Université de Montréal, 2010, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}. Mais ce n'est véritablement qu'au milieu du XIXe siècle que naissent les sciences sociales et parmi elles la science politique, surtout grâce aux changements liés à l'ère industrielle. On peut faire ici abstraction des critiques formulées contre ce modèle, en raison entre autres de son ethnocentrisme, de son évolutionnisme et de ses prétentions explicatives si larges, qu’il n’a pas permis de saisir la vraie nature du politique en Afrique. Problématique de la démocratie en Afrique. Ils ont été élaborés dans la foulée de la révolution behavioriste, devenue dominante dans la science politique américaine dans les années 1950 à 197010. A/ Dans Le Savant et le Politique (1919), Max Weber écrit que “les partis politiques sont les enfants de la démocratie, du suffrage universel, de la nécessité de recruter et d’organiser les masses”. on peut ainsi considérer que la construction d’un centre se ramène à l’établissement d’institutions ou de valeurs destinées à assurer l’organisation globale d’une société indépendante, délimitée par un cadre territorial précis, et jusque-là caractérisée par une très forte atomisation du pouvoir et une très faible coordination entre ses diverses composantes21. Le résultat est une importation des modèles d’analyse exogènes. Si au départ il s’agissait de créer une forme d’États-Unis d’Afrique, le projet des années 1960 sera finalement, dans la pratique, plus modeste. Number of visits: 5678 July 26 1994 Comments Cependant, il considérait que cette élection n'était qu'une simple désignation et qu'il appartenait à Dieu, c'est-à-dire au pouvoir spirituel représentant Dieu, de conférer le pouvoir au chef ainsi désigné[2]. Les rois n’ont alors qu’une maîtrise limitée de territoires fragmentés en une multitude de fiefs dans lesquels les seigneurs règnent sur leurs serfs. 33 Mwayila Tshiyembe, « La science politique africaniste et le statut théorique de l’État : un bilan négatif », Politique africaine, no 71, 1998, p. 109-132. 2. Les phénomènes géologiques racontent notre planète née il y a 4,56 milliards d'années. 15 Gabriel Almond et Sydney Verba, The Civic Culture: Political Attitudes and Democracy in Five Nations, Boston, Little, Brown, 1963. ), Power in Africa: An Essay in Political Interpretation, Londres, McMillan, 1992, p. 11. 30On parle de l’État, mais ce sont les pratiques prédatrices, la corruption, le clientélisme, le patronage qui sont indexés certes comme des avatars, mais aussi comme des traits faisant l’unité de la politique africaine. Le type idéal de patrimonialisme a l’avantage de permettre de subsumer ces diverses pratiques dont certaines se recoupent d’ailleurs largement sur la base de la confusion entre privé et public31. Ce modèle a servi à trouver un nouveau mode d’insertion de l’Afrique dans les études comparatives, avec la même arrière-pensée ethnocentrique. Certains auteurs y ajoutent les études stratégiques. Cette vision a le mérite de mettre en exergue des limites qui sont incontestables. 19S’inspirant de Christian Coulon, Bertrand Badie relève que dans ce modèle. Par contrecoup, le rejet de l'étude mesquine des procédés contemporains permit à des courants d'idées totalement différents et novateurs d'émerger[réf. À cela s’ajoute l’absence de moyens financiers, qui rend difficile l’organisation de forums réguliers à large échelle, qui sont des occasions d’échanges scientifiques enrichissants. L'année 2020 a été l'une des plus macabres de l'histoire, avec plusieurs milliers de morts dans le monde liés au Covid-19. Cependant, les tentatives d’établir des points de comparaison ont conduit à un développement de l’analyse des institutions et du pouvoir en Afrique dès les années 1960. 27 Bertrand Badie, L’État importé, essai sur l’occidentalisation de l’ordre politique, Paris, Fayard, 1992. Les travaux issus des études développementalistes ont tendu, de ce fait, à montrer que les différences entre les systèmes africains et leurs homologues occidentaux étaient non pas de nature, mais de degré de leur développement politique. Problématique de la démocratie en Afrique. La féodalité et ses évolutions en est un autre. 12L’émergence de nouveaux États, consécutive à la vague d’indépendances dans les années 1950 et 1960, avec leurs systèmes hybrides et leurs pratiques non conformes aux schémas théoriques classiques élaborés sur la base des expériences occidentales, a provoqué un renouvellement des études portant sur l’Afrique. 38 Michael Bratton, « Beyond the State: Civil Society and Associational Life in Africa », World Politics, vol. En savoir plus : Étudier en Afrique Dès 1945, la science politique entre dans une nouvelle phase de son développement, il y a accord sur toute une série d'objets d'étude qui forment le champ de la science politique, il y a une revendication commune de l'expression « science politique », émergence de vecteurs de distribution des résultats des recherches. Les méthodes utilisées par la science politique sont principalement celles des sciences sociales[10]. Mais l’extraversion s’explique aussi par les procédures d’évaluation et les systèmes de récompense dans le monde très concurrentiel de la recherche, qui imposent que les chercheurs se réfèrent aux travaux dominants provenant du Nord pour pouvoir publier dans les meilleures revues et faire avancer leur carrière. 24Concernant la tentative de compréhension des dynamiques économiques et politiques africaines, ce modèle d’analyse a eu le mérite d’attirer l’attention des chercheurs sur les inégalités politiques et économiques à l’échelle internationale en accordant, plus que ne le fait le modèle développementaliste, leur place aux économies et processus des pays africains. Son influence fut considérable en cela qu'elle permit de répandre le goût de la science politique et l'habitude de l'étudier d'un point de vue historique[réf. L'administration publique chinoise est la plus ancienne (le « mandarinat ») et commence à cette époque. Cette posture est commune à de nombreux autres modèles comparatifs, et lorsqu’on évoque l’État prédateur28, la politique du ventre29, la criminalisation de l’État30, on met surtout en avant l’extériorité de l’État. Très souvent, les analystes ont ainsi pris le contre-pied des études précédentes, tendant à relativiser la pertinence du droit et des institutions dans les contextes africains. Le roi n’est qu’un primus inter pares et dépend des seigneurs pour les revenus comme pour la levée des troupes. Dans nombre de pays africains, la première condition fait cruellement défaut en ce qui concerne la science politique, en partie parce que cette discipline ne constitue pas une priorité dans les politiques d’éducation. On le voit bien en consultant les écrits africains, notamment ceux des Africains affiliés aux milieux académiques occidentaux : excellente connaissance de la littérature de science politique en général, mais en revanche, peu d’utilisation de la littérature produite en Afrique8. 41 Voir Le Monde diplomatique, mai 1993, p. 16-17. La méthodologie politique désigne le domaine des sciences politiques consacré à l'application des méthodes quantitatives à la science politique. 34 Lire à titre d’exemples Comi Toulabor, « Jeu de mots, jeu de vilains : lexique de la dérision politique au Togo », Politique africaine, vol. Deux figures originales viennent bouleverser peu ou prou les conceptions du temps et, en définitive, appuyer les prétentions impériales au détriment de la papauté : Marsile de Padoue, qui distingue strictement la morale religieuse (basée sur l'Évangile) de la morale politique ou morale naturelle (fondée sur la conception aristotélicienne), il distingue totalement la foi et la raison et fait l'apologie de la monarchie élective; et Guillaume d'Ockham qui considère que le pouvoir temporel est d'un autre ordre que le pouvoir spirituel, se plaçant ainsi dans une logique de séparation précoce entre le spirituel et le temporel. Mentionnons également Raymond Lulle, dont l'œuvre imposante inclut l'Artificium electionis personarum (1247-1283) ou De arte electionis (1299), descriptions de systèmes de vote préfigurant les redécouvertes du XVIIIe siècle en la matière. So, Social Change and Development: Modernization, Dependency and World-Systems Theories, Thousand Oaks (CA), Sage Publications, 1990. La formation en « Économie politique » était également proposée par les facultés de droit. Dakar, CODESRIA, 1994, 61 p., ISSN 0850-2633. 36 Achille Mbembe, « Esthétique de la vulgarité », dans De la postcolonie : essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000, p. 139-163. C'est bien dans ce contexte italien qu'il faut replacer l'élection dont Marsile de Padoue se fait le chantre. Les réflexions sur la société civile, les formes d’expression du politique et de résistance aux régimes autoritaires ont balisé le terrain. Le premier est issu de la culture italienne, à une époque où se développent les cités-états, dont les rivalités feront naître la pensée de celui qui marquera la période suivante de son empreinte indélébile: Machiavel. Comme de nombreuses disciplines universitaires, la science politique est divisée en sous-disciplines. À défaut de développer de tels cadres, il n’y a d’autre issue que d’en adopter parmi ceux qui sont élaborés ailleurs. 21Là également, comme dans le cas des développementalistes, l’évolution des sociétés africaines n’a pas suivi le schéma tracé. Les politiques de natalité varient beaucoup selon les pays et en fonction des époques. Par exemple, dans les travaux d’Almond et Verba15, ainsi que dans ceux de Pye et Verba16, la possibilité de démocratisation du tiers-monde et notamment de l’Afrique est mesurée en termes d’écart entre leur culture (dite paroissiale) et la culture civique (démocratique) caractéristique de l’Occident. Les historiens ont contribué ensuite à élargir les perspectives anthropologiques en cherchant à mieux connaître les structures et les formations politiques précoloniales et coloniales africaines. En effet, puisque les indépendances ont débouché sur des États héritant d’institutions formellement similaires aux modèles occidentaux, on les a considérés – dans cette ambiance de recherche de la comparabilité – comme démocratiques, en se référant aux constitutions qui prévoyaient généralement le multipartisme et les libertés caractéristiques d’un État démocratique. Dans cette perspective, la démocratisation coule par conséquent comme un long fleuve tranquille selon l’expression consacrée, puisqu’elle est considérée comme une nécessité inscrite dans l’ordre de l’évolution historique. L’état des sources bibliographiques y est tel que même la réalisation d’un travail monographique relève de la gageure. Mais le pessimisme ne doit pas l’emporter sur l’analyse nuancée et sur l’idée qu’en la matière, il y a plusieurs Afriques, comme nous le verrons plus loin. 14Les travaux sur la modernisation et le développement politiques, bien synthétisés par Bertrand Badie, auront d’abord tenté de comprendre les nouvelles dynamiques affectant les pays africains nouvellement indépendants9. Ces modèles sont entrés rapidement en crise lorsqu’il est apparu que la plupart des pays nouvellement indépendants ne prenaient pas le chemin balisé par les pays occidentaux, à savoir celui du développement économique et de la démocratie. 16Cette conception dénote l’ambition de ces concepts, destinés à rendre possibles des travaux de grande portée comparative et qui réunissent à la fois pays socialistes, démocraties avancées, pays autoritaires du Nord et du Sud dont l’évolution est diverse. Elias appelle ce processus la loi du monopole, cette lutte pour le contrôle des territoires en Europe continentale. 5 Paul Zeleza, Manufacturing African Studies and Crises, Dakar, Codesria, 1997. 25L’épuisement des paradigmes précédents vient essentiellement des difficultés rencontrées pour expliquer l’Afrique autrement qu’au prisme de modèles et de dynamiques de grande portée, qui accordent peu d’importance aux dynamiques locales. Cette situation est à certains égards compréhensible dans la mesure où la science politique est elle-même une discipline récente, même dans les pays occidentaux, à l’exception des États-Unis où elle a conquis son autonomie comme discipline dès le début du siècle. Il n’en est pas de même en ce qui concerne l’aire régionale africaine. Les anthropologues occidentaux sont les premiers à s’en être d’abord occupés, car dans la division du travail académique entre disciplines des sciences sociales, ils avaient hérité des objets considérés comme exotiques. De nombreuses organisations régionales verront le jour entre les indépendances et la fin de la Guerre froide45. Ce dernier, par exemple, montre comment en Europe la construction de l’État s’est faite en plusieurs étapes selon un processus de centralisation. 1, no 3, 1981, p. 55-71 ; Jean-François Bayart, « La revanche des sociétés africaines », Politique africaine, no 11, 1983, p. 95-127. 29 Jean-François Bayart, L’État en Afrique, la politique du ventre, Paris, Fayard, 1989. souhaitée]. À elles seules, deux régions regroupant 23 pays, l’Afrique de l’Ouest et centrale, totalisent 414 millions d’habitants. Badie montre ainsi comment, dans ces études, l’idée selon laquelle centre et périphérie correspondent respectivement à la modernité et à la tradition, le passage à la première se faisant sur les cendres de la seconde, s’est imposée. 39 Peter Anyang’Nyong’o, Popular Struggles for Democracy in Africa, Londres, Zed Press, 1987. On peut citer l'éminent cas de Nogaret, juriste qui, au service du roi de France, Philippe le Bel, « renversera », la papauté. 30 Jean-François Bayart, Stephen Ellis et Béatrice Hibou, La criminalisation de l’État en Afrique, Bruxelles, Éditions Complexe, 1997. En dépit de ces changements, Patrick Chabal parle de faillite des paradigmes3 et Wosene Yefru considère que les 40 dernières années depuis les indépendances ont été marquées par une paralysie de l’analyse4. Enfin, puisque ces auteurs étaient militants, leurs analyses étaient en fin de compte beaucoup plus guidées par la praxis que par la science. La première remarque qui s’impose sur ce point est l’inexistence d’une science politique africaine en tant que champ structuré et autonome, produisant son propre corpus théorique. The State of Political Science in Western Europe. Buy Naissances de la science politique en France (1870-1914) (Lespace du politique) by Favre, Pierre (ISBN: 9782213023250) from Amazon's Book Store. Ces formes de participation vont de la critique des régimes par l’utilisation de la dérision35, à ce qu’Achille Mbembe appelle la zombification mutuelle ou la connivence pour montrer que plèbe (gens du bas) et pouvoir (gens du haut) sont parfois susceptibles de la même lecture et ne s’opposent pas toujours36. La science politique recouvre la théorie politique, la sociologie politique, la science administrative, les relations internationales[1]. 11 Ce point a été développé plus en détail dans Mamoudou Gazibo et Jane Jenson, La politique comparée : fondements, enjeux et approches théoriques, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2004, p. 159-165. Lisez ce Monde du Travail Dissertation et plus de 247 000 autres dissertation. Il montre qu’au départ, dans l’Europe féodale entre les XIe et XIIIe siècles, existe ce qu’il appelle la phase de la concurrence libre18. Ce qu’ils montraient, c’est l’existence d’organisations dont les relations avec l’État allaient de l’immersion totale à l’indépendance et à l’interdépendance. En Afrique du Sud, la diminution des financements privés pour la R&D a été énorme depuis la crise financière mondiale, malgré l'augmentation des dépenses publiques dans le domaine de la recherche, ce qui explique en partie la diminution du rapport dépenses relativement au PIB qui se situe entre 0,89 % en 2008 et 0,73 % en 2012. Ce mécanisme crée une détérioration tendancielle des termes de l’échange. Objectifs Les spécialistes de chaque aire – études américaines ou européennes par exemple – développent leur corpus théorique à partir de leur terrain d’investigation, de sorte que les modèles d’analyse et les concepts qu’ils utilisent sont intimement liés aux contextes qu’ils étudient. modifier - modifier le code - modifier Wikidata. On voit que l’État est là le produit d’une dynamique sociale endogène. Par conséquent, il est logique que l’étude des objets dépendant de l’État comme les conflits, l’intégration, la démocratisation ait été retardée. En Europe, la science politique emprunte aux méthodes et aux thèmes des sciences sociales telles que la sociologie, le droit ou la psychologie. Responsable suppose, éduquer les familles a avoir les enfants qui correspondent à leur capacité financière. Les cadres d’analyse. Pendant que la science politique évolue aux États-Unis, il y a stagnation en Europe durant l'entre-deux guerres, notamment en raison de la présence de régimes autoritaires. Jusque lors, les hommes de science, à l'image du Pic de la Mirandole, se devaient de connaître toutes les sciences. Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, L’historicité de l’état et les enjeux de la gouvernance, La faiblesse de la science politique en Afrique et l’extranéité des cadres d’analyse, L’atrophie du cadre institutionnel de la science politique, L’extraversion théorique et conceptuelle corrélative, Les grands modèles externes d’analyse sur l’État, la politique et le développement africains, Les modèles d’analyse des années 1950 à 1990, Les cadres d’analyse de moyenne portée sur l’État et les pouvoirs africains, Les modèles d’analyse de relève depuis les années 1980, L’étude des rapports État-société et la politique par le bas, L’étude des dynamiques d’intégration et des conflits, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. Dans une perspective plus centrée sur les comportements politiques que sur la culture, Patrick Quantin affirme que « les véritables projets de construction démocratique en Afrique supposent l’invention de projets plus radicaux que ceux qui ont été proposés au début des années 1990 et surtout l’émergence de groupes distincts des élites néopatrimoniales existantes43 ». Les cadres d’analyse”. A mon avis, il faut tout simplement une politique responsable de la natalité, pas une limitation. Les étudiants de Sciences Po partent en séjour d’études au sein de ces universités, par exemple lors leur troisième année de bachelor, ou bien pendant leur master. Par conséquent, la question de leur légitimité, de l’existence d’un sentiment national, de la spécialisation de leurs administrations et de leur capacité à contrôler leurs espaces périphériques fragmentés sur le plan ethnique, religieux et économique était épineuse. Dans d’autres pays francophones, l’atrophie du cadre institutionnel universitaire est telle qu’il existe, au mieux, un cours de science politique dispensé dans les facultés de droit par des juristes. Avant 1980, ce furent surtout de grandes théorisations qui ont été tentées sur ces questions – le développementalisme et la théorie de la dépendance sur le développement et le modèle centre-périphérie sur l’État –, alors qu’après 1980, en raison de l’épuisement des grandes théories, l’accent a été mis sur des théories de moyenne portée consacrées à la politique. Une fois le monopole affermi, arrive ce qu’Elias appelle la publicisation du monopole, lorsque l’État se dote d’une administration et de budgets publics. Cette question de la construction d’un centre est au cœur de nombreux travaux aujourd’hui classiques de Reinhart Bendix ou encore Norbert Elias17. L'État se développe et acquiert au fil du temps de nouvelles compétences, d'où un développement de l'administration. Dans les autres cas, le registre est celui de l'essai ou du commentaire politique. La pandémie qui s’est propagée à travers le monde en 2020 a mis en lumière le fait que la majorité des morts dans la plupart des pays d’Afrique ne sont jamais officiellement enregistrés. Les colonies de l’Afrique française se voient ainsi regroupées en deux blocs, l’Afrique occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF). Elle est le résultat de l’institutionnalisation progressive d’un ensemble de champs du savoir (droit, économie, histoire, sociologie) lorsque ceux-ci s’intéressent plus spécifiquement à l’étude du pouvoir, si bien que l’on a pu parler pendant longtemps de sciences politiques au pluriel. (Oxford University Press, 1996), Klingemann, Hans-Dieter, ed. On s’est rendu compte qu’il n’y a pas de dichotomie entre tradition et modernité, ni d’évolutionnisme, mais des processus plus complexes, dont Guy Nicolas par exemple, se fondant sur l’exemple du Nigeria, a tenté de rendre compte en proposant le concept de « nations à polarisation variable », pour montrer que la construction de l’État peut coexister avec un pluralisme identitaire22. Par ailleurs, la science politique a souffert, tout au long des trois premières décennies d’autoritarisme qui ont suivi les indépendances, du préjugé selon lequel elle n’est rien d’autre qu’une discipline spéculative et subversive.