Cette possibilité laissée au PG optant de choisir son employeur a été l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre le Ministère du Travail et celui de la guerre[416]. Précisons qu’à ce moment-là, le gouvernement américain n’a pas encore donné son aval au principe même de livraison et de mise au travail forcé de prisonniers. Ainsi, en juillet 1947, l’inspecteur du travail d’Amiens informe son ministère que certains services locaux du ministère de la Reconstruction s’opposent « au retrait des PG [des commandos de déminage] » s’ils n’ont pas reçu « d’ordres émanent de [leur] administration centrale »[257]. W Ce sujet a déjà été étudié dans la présente revue à deux reprises : Guerre biologique (1933-1945). Mais, il n’y avait qu’une cuisine et Français et Allemands mangeaient donc exactement la même chose, commandant compris. Les grands procès des années 1980 et 1990 ayant trait à l’occupation, la légalisation sur la terminologie officielle de conflit, la pénalisation des révisionnismes témoignent de cette évolution. Il s’agit des SS blanchis de tout soupçon de crime de guerre et s’étant illustré par des actes de courage au cours de leur détention (opérations de déminage, sauvetage de vies françaises entre autres choses). Ainsi, si on fixe à 100 l’indice de la production industrielle en 1929, ce même indice passe à 38 pour l’année à 1938 et à 29 pour l’année 1944[6]. Le soldat allemand 1939-1945 - Page 3 Crosse de Mauser Kar 98K Luftwaffe, CPA Première Armée Française Prisonniers allemands Gebirgsjäger. Au moins 20 000 morts sont à dénombrer. Les gardes sont marocains et entretiennent une relation cordiale avec leurs détenus : le troc se pratique et des couples homosexuels se forment. « L’état physique du personnel PG que nous ont passé les Américains est plutôt mauvais dans l’ensemble. Le témoignage d’un ancien prisonnier affecté au déminage, Horst Fusshöller, est très utile pour nous représenter ce que sont les conditions de vie des PG dans ces commandos[217]. Aussi « tous les PG sont effroyablement pouilleux ». Du reste, le nombre, somme toute présumé élevé, de prisonniers ayant fait le choix de s’installer en France à leur libération ou à l’issue de leur « travail libre » témoigne indirectement du fait que les mentalités des Français et des Allemands, anciens prisonniers, avaient suffisamment évolué pour que puisse se produire ce petit phénomène migratoire. Il est vrai qu’à l’échelle nationale, la presse, toutes tendances confondues, ne témoigne pas d’une sympathie particulière envers ces Allemands et ce jusqu’en septembre 1945. Le ministère assigne ainsi très régulièrement à ses administrations départementales des objectifs chiffrés. Il n’en reste pas moins que l’ouvrage de Charles Klein ne traite pas à proprement parler de la question des prisonniers de guerre allemands en France. Ces derniers sont libérés dès l’année 1947[459] et les PG SS sarrois eux-mêmes semblent avoir été libérés plus tôt que les autres SS[460]. Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. Cette particularité s’explique là aussi par l’ampleur et l’urgence des besoins et les difficultés de reconstruction de l’administration étatique, à tous ses échelons, en 1945. Quant aux camps de la mort, il ne serait que le fruit de la propagande mensongère des alliés. Toujours est-il qu’après-guerre, dans les camps de PGA, les autorités françaises s’empressent de mener une chasse aux journaux censurés en procédant, entre autres, à l’interrogation par les gendarmes des employés des mines en contact avec les prisonniers[353]. Les Américains n’auront de cesse de critiquer la France. Please try again. Si la « transformation » du PG est définitivement validée, ce dernier se voit remettre, en mairie, carte d’identité d’étranger et carte de travailleur étranger. Les tentes pointues ou les baraques tentes (...) ne présentaient aucune protection contre les balles. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/89, Note du ministère des affaires étrangères, 07 mai 1948. S’ils ont faim qu’ils repartent et restent là d’où ils viennent, ils ne comptent plus pour nous »[496]. L’opinion publique française bascule alors d’une sympathie pro-soviétique à un anticommunisme virulent. XIII, 1971 – ne put, pour sa part, que connaître une diffusion très restreinte. Il ressort de cette première réunion que les dépôts militaires français sont en mesure d’absorber un maximum de 6 000 prisonniers, bien que le ministère du Travail estime à 70 750 le nombre de prisonniers nécessaires pour répondre aux besoins économiques du pays. Ces promesses ont été tenues ». C’est là que sont entreposés les PG dans l’attente d’un travail et ceux en instance de rapatriement définitif. Selon le témoignage d’un ancien prisonnier, Helmut Evers, certains Français manifestent, en toute discrétion, davantage de sympathie à l’égard des PGA que la majorité : il s’agit de certains des anciens collaborateurs[24]. Il n’y avait aucune pitié. Après 1948, la situation sociale s’apaise néanmoins. » Je l’ai écouté, j’ai connu ma femme, et puis je suis resté ici. Comme le souligne Joseph Rovan[486], plus la période de captivité a été longue, plus la réinsertion est difficile. Certains préféreraient demeurer en France après leur libération plutôt que de retourner dans la nouvelle zone soviétique d’où ils sont, en Allemagne, originaires. L'exploitation économique des prisonniers nécessita le concours de la plupart des ministères  ; en premier lieu, celui du ministère du Travail. Après cela, la question de l’opinion ne semble plus avoir véritablement inquiété les autorités. De 1943 à 1945, il a ainsi arrêté «entre 20 et 30» espions allemands, se souvient-il. À partir de 1952, il se voit également chargé du service des recherches de prisonniers disparus[489]. Quant aux difficultés qu’aurait posées, à l’origine, la détention des prisonniers, elles seraient essentiellement dues aux sabotages commis par la Wehrmacht lors de son retrait. C’est cette première définition restreinte des fonctions auxquelles seront attribués les prisonniers allemands qui explique par ailleurs probablement la faiblesse relative du nombre de PG jugés utiles et demandés par le ministère du travail au vu des futures demandes : 70 750. À titre de comparaison, sont détenus en France, en ce même mois d'octobre … (…) Un jour, au mois d’avril 1946, il est arrivé à la Direction Régionale des Prisonniers de guerre une décision ministérielle concernant l’encadrement des PGA, dans la direction ou dans les camps. Pour toutes ces raisons, la réinsertion dans la nouvelle société allemande – à l’Ouest comme à l’Est – a été difficile. Il est par ailleurs à craindre que disparaissent avec les derniers témoins, un certain nombre de témoignages d’une valeur historique certaine. Le chiffre impressionne. Outre le poids de l’identité, une autre raison que l’on peut évoquer pour expliquer l’oubli du souvenir, ou plutôt l’effacement des liens qui y mènent, dans les mémoires française et allemande est celle du processus naturel de « concurrence des mémoires ». La seconde réaction est celle du directeur de la Direction Générale des Prisonniers de Guerre, le général Buisson. Il est aussi décidé que les PG mineurs recevront un supplément équivalant 25 % de leur salaire bruit pour leur « permettre d’améliorer substantiellement [leur] ordinaire ». C’était l’Ascension. Les rapatriés et assimilés bénéficiaires de la garantie de salaire ; Les rapatriés et assimilés qui sans être bénéficiaires d’une rémunération garantie ont droit à une priorité d’emploi ; Les PG des commandos doivent être libérables avant le, La commune doit avoir versé de manière régulière au compte du dépôt local le pécule des prisonniers à charge. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/88, Courrier du ministre du travail au Ministre du Commerce, de la Reconstruction et de l'Urbanisme au ministre du travail, 20 juin 1947. La Grande guerre - Un soldat Allemand en feu Summary Print shows German soldier on fire in battle at Lorraine, France. Il faut aussi savoir qu’à cette époque, de nombreuses organisations religieuses jouent un rôle très actif. Il y a d’abord la pression permanente exercée par les autorités américaines. Le ministre des Affaires Étrangères pense alors affecter ces hommes au travail dans les mines en raison de la crise charbonnière. Quoiqu’en nombre relativement faible, on compte quelques autres nationalités détenues en France ; pour l’essentiel des Autrichiens et des Italiens. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Z 22, courrier de l'ambassade de France à Washington au ministère des Affaires étrangères, 12 octobre 1945. Ainsi, en mars 1947, ceux-ci réclament la libération avant octobre de la totalité des 450 0004 prisonniers qu’ils ont livrés[381]. Nous parlions alors du delirium du barbelé. There was an error retrieving your Wish Lists. (...) Mais le mois d’août allait être caractérisé par quelques évènements particuliers, surtout le lundi 6 août. La nationalisation des houillères du Nord-Pas-de-Calais, la première à être décidée en France, a lieu le 13 décembre 1944[69]. La situation est d’autant plus tendue que selon le Quai d’Orsay, les services du Comité international de la Croix-Rouge aurait même fait, en juin 1947, une « démarche officieuse » sur le respect de l’article 32 de la convention de Genève[253]. Le Comité international de la Croix-Rouge lui-même semble reconnaître cette amélioration. Ainsi, si la rencontre avec celle qui allait devenir sa future épouse constitua sa principale motivation à son installation, Egon Greisner explique ne pas avoir éprouvé « de cas de conscience [à] rester dans l’ancien pays ennemi » mais, au contraire, avoir été porté, dès ce moment-là, par un sentiment de « sympathie » envers le peuple français, et ce en dépit de la réaction négative de son père, en Allemagne[38]. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Belgique, un certain nombre de PG sera également détenu après-guerre. L’une des plus importantes mesures décidées par le gouvernement est la création d’une Commission interministérielle relative aux problèmes des prisonniers de guerre. Se sentant abandonnée par le Régime de Vichy, la population nordiste a fait bloc et voyait son salut dans la Grande-Bretagne. Les différends entre ministères ne cessent pas pour autant. Dans le secteur agricole, on dénombre 1 771 libérations et aucun optant. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Z 22, rapport d'inspection du Comité international de la Croix-Rouge de certain camps, 15 novembre 1945. « Pendant de longs mois et de longues années dans les camps de prisonniers, à côté de la faim, des rumeurs faisaient autorité en réapparaissant toujours, de temps en temps, chez les prisonniers pour les déprimer ou les décourager. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38347/1, note au commissaire de la République de Lille, 17 juillet 1945. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 57W43529/27, courrier de l'inspecteur général de la production industrielle au divisionnaire général des Houillères nationales à Douai, 9 juillet 1945. Mais le ministère de la Santé et de la Population semblent prendre fait et cause pour les municipalités : il confirme le plus souvent leur refus d’introduction familiale[449]. C’est ce qui est détaillé dans la section suivante. Le problème représenté par les millions de réfugiés et de déplacés allemands ont pourtant constitué un très lourd fardeau pour l’Allemagne d’après-guerre. Nous étions là pour travailler et c’était tout. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/86, Expéditeur probable : haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, « Démarquage d'un télégramme adressé à Washington le 5/7/47 », 18 juillet 1947. Chacun peut s’imaginer peut-être, comme reviennent souvent chez nous en Allemagne des noms comme Meier, Müller ou Schulze. We don’t share your credit card details with third-party sellers, and we don’t sell your information to others. Or ce « travail libre » contrarie si fortement Moscou que les autorités soviétiques refusent à prendre connaissance, fin 1947, du nouveau plan américain de rapatriement des prisonniers allemands. Comme le dit Joseph Rovan en évoquant ces vies nouvelles, « la guerre et la captivité ne revenaient parfois que sous la forme de cauchemar nocturne »[241]. Le Comité international de la Croix-Rouge lui-même semble avoir donné son accord à l’utilisation de PG pour le déminage[214], bien que certains hauts fonctionnaires, dont le ministre du Travail, aient reconnu a posteriori qu’elle était contraire aux prescriptions de l’article 32 de la convention de Genève[215]. Aujourd’hui encore, il n’existe officiellement aucun traité de paix entre la France et l’Allemagne. En août 1947, le ministre de l’Industrie informe son collègue du Travail de cet afflux de demandes de dérogation[279]. Nombreux sont les exemples retrouvés dans les archives. C’était ça le malheur parce que ça nous ne le savions pas »[7]. Cette crainte des répercussions économiques, bien que de plus en plus marginale, n’en restera pas moins présente chez certains milieux. Est-ce que ma fiancée m’est restée fidèle ? WW2 soldat allemand casque Château Gontier Frankreich 2wk 1939/1945 sont sur eBay Comparez les prix et les spécificités des produits neufs et d'occasion Pleins d'articles en livraison gratuite! Il n’existait pas de perspective pour échapper à cet enfer ». Leur captivité en France a pu constituer une période de transition – rappelons-nous les quelques politiques de « dénazification » entreprises par les autorités françaises – mais la confrontation directe à la démocratie a probablement été déroutante. Il va de soi que les autorités américaines témoignent indirectement de leur mauvaise foi lorsque, déplorant le sous-équipement français, elles notent : « despite the fact that every prisoner turned over to to French received a full kit from the Americans before transfer ». En effet, le Nord de la France a été détaché du reste de la métropole et placé sous la direction du commandement militaire de Bruxelles et la crainte d’une annexion pure et simple de la Région par le Reich a constamment hanté les Nordistes. Parmi les derniers PG figurent des prisonniers condamnés pour des délits de droit commun. D’autres témoignages font mention des sévices commis par les militaires français à l’encontre des prisonniers allemands. Toujours est-il que tous les Roumains seront libérés au plus tard en mars de cette année[377]. Néanmoins, selon les accords de Moscou relatifs aux libérations, l’ensemble des SS, y compris ceux se déclarant pronazis, doit être rapatrié, conformément aux modalités s’appliquant aux autres PG[473]. Ainsi, en signe de protestation, l’Union syndicale de l’Isère annonce son retrait de la Commission de Criblage de ce département par la voix de son prédisent. Celui-ci stipule entre autres choses que le rapatriement se fera au rythme de 20 000 libérations par mois[464]. Le gouvernement s’est laissé, vraisemblablement, convaincre par cet argumentaire. Tous les autres secteurs d’activité auxquels sont affectés les PG concernent dans leur grande majorité l’industrie ou les travaux publics. Sitôt la guette terminée, il semble qu’il soit d’ores et déjà convenu que le transfert des prisonniers allemands des camps américains implantés en Allemagne aux camps américains implantés en France aient été fait, en partie, si ce n’est en grande partie, pour mettre à la disposition des autorités françaises de la main-d’œuvre. Mentionner le 7 mai à propos de la division de l’Allemagne ne peut aussi avoir été enregistré qu’après coup. Il objective ainsi un collectif informel, il périodise, il s’entête de chronologie, il taille et coupe dans les plages de cette mémoire longue (…). D’après le témoignage de Johannes Sticker, l’affection des PG dans les commandos ruraux répond à des procédures très souples. P. Boutté, E. Briend et O. Gilles, « Les prisonniers de guerre allemands sous autorité française (1943-1948) », Op. À plusieurs reprises les ministres du Travail ou de l’agriculture sont sollicités par des parlementaires leur demandant de supprimer la dette des agriculteurs[301]. À l’étranger la même année, le Comité international de la Croix-Rouge rappelle l’article de la Convention de Genève qui stipule que les PG doivent être libérés si tôt la paix rétablie[326]. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau, Côte 770623/85, Note de la direction générale de la main-d’œuvre, Ministère du Travail, « Option des PGA en vue de leur transformation en TL par activités collectives au 1/10/47 », 6 novembre 1947. « A ce jeu là, les mémoires se concurrencent entre elles. Rien ne justifiait, pour chacun d’entre eux, de conserver une cohésion de groupe. On peut néanmoins supposer qu’elles n’ont pas été scrupuleusement respectées. En France, contrairement aux pays alliés où l’on a tenté de faire des prisonniers les nouveaux vecteurs de l’idéal démocratique, l’effort consacré à la rééducation est moindre. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/85, Courrier du ministre des forces armées au ministre du Travail, « Répartition des PG entre dépôts », 24 février 1947. Auteur 1 Jean Philippe Borg Editeur Toujours est-il qu’au cours des libérations des prisonniers de nationalité non-allemande en 1946, le problème de la restitution des avoirs s’est déjà posé. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/89, courrier du ministre de l’Économie au ministre du Travail, 8 avril 1947. À partir du 1er avril 1947, cette dernière n’est également plus appliquée aux PG affectés aux mines[295], ceux-ci bénéficient du régime dit du « statut amélioré »[296]. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 57W43537/22, courrier de l'ingénieur en chef de la circonscription de La Chassagne au directeur des industries mécaniques et électriques à Paris. Analyse de l'ouvrage de … À l’instar de ses deux camarades, un autre soldat, Karl Holfeld, détenu à Thorée (Sarthe), fait le lien entre manque de nourriture et recrutement « En août 1945, alors que la famine était à son comble (…), des formulaires circulaient dans le camp, promettant de la nourriture aux prisonniers. Ailleurs, dans certaines houillères, la main-d’œuvre française et italienne se substitue progressivement aux PG démineurs[456]. Puis, le général Boisseau, nommé inspecteur général des PGA le 25 mars 1943[14], crée à Alger la Direction et Inspection des prisonniers de guerre (DIPG). Aussi n’en est-il que plus heureux d’apprendre, un matin de 1947, qu’il est libéré[345]. La présence de ces Allemands, ceux-là mêmes qui occupèrent auparavant la France, n’a pu qu’avoir des conséquences remarquables sur le processus de réconciliation avec l’Allemagne et peut-être par là même, sur celui de la future construction européenne. Les autorités militaires craignaient notamment que leur moindre prédisposition à des travaux manuels et leur plus grande exposition à l’endoctrinement nazi soient un frein à l’intégration sociale[442] ; cela ne les empêche néanmoins pas d’approuver in fine, quelques mois plus tard, la transformation, à titre exceptionnel, d’officiers en travailleurs libres. Les relations étaient donc confiantes et le travail était partagé en bonne intelligence. Il ne restait plus, aux anciens prisonniers de guerre, qu’à faire le deuil de leur expérience et de fait, de leurs souvenirs. Le souvenir de la détention des prisonniers de guerre allemands est, en France, quasiment nul. D’après le Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes)[124], il y aurait eu 17 773 morts en 1944 et en 1945. Elles traduisent néanmoins le débordement des autorités face à un problème de taille. Teintée de parti-pris idéologiques, cette conclusion illustre certainement l’état d’esprit qui règne alors : d’une part, le souhait de rendre justice à cette France souillée en mettant au travail, à son service, ceux responsables de ses maux et d’autre part utiliser ces « moyens » au maximum de leurs capacités pour redonner au pays la place qui lui est due. Aux milliers de morts s’ajoutent le « préjudice » moral subit par ces hommes : cette détention arbitraire, qui a duré pour certains jusqu’à trois années, acheva de bouleverser – avec la guerre – la vie de ces hommes. L’importante correspondance entre le Comité international de la Croix-Rouge et les autorités françaises cette année-là avait ainsi pour objet la transmission d’avis de recherches ainsi que le recueil et la communication des plaintes et doléances d’anciens prisonniers de guerre allemands rentrés en Allemagne. L’historique du général Buisson offre des chiffres plus précis[402]. En septembre 1947, le général Buisson estime néanmoins que d’ici à la fin de l’année, les trois quarts des PG démineurs seraient relâchés. ». Il s’agit là néanmoins d’une estimation établie par l’armée de terre elle-même. Ainsi, si certaines listes ne contiennent aucune note inférieure à 18/20, d’autres sont beaucoup plus avares en notes supérieures à 15[224]. Pourquoi cette différence de traitement entre les prisonniers rapatriés entre 1947 et 1949 et ceux rapatriés a posteriori ? Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/87, Ces listes – dans leur ensemble probablement – sont conservées dans ce versement. On le voit, le poids de la mémoire collective, de sa subjectivité et de fait, des enjeux identitaires, et les évolutions de l’historiographie ont donc pesé sur le traitement historiographique de l’événement constitué par la présence des prisonniers allemands en France entre 1945 et 1948, contribuant, par là même, à accroître sa méconnaissance. La France doit soit procéder au rapatriement des travailleurs libres considérés comme prisonniers de guerre par les Soviétiques avant le 31 décembre 1948 au risque pour la France de perdre cette main-d’œuvre, soit inviter ces travailleurs allemands à demeurer en France jusqu’à l’issue de leur contrat, en 1949, au risque, pour eux, de se revoir définitivement interdits de séjour dans la nouvelle Allemagne de l’Est[389]. Dans ce cadre de cette exploitation économique, si le ministère de l’armée, dont dépendent les PG, joue un rôle de premier ordre, les autres ministères jouent également un rôle important voire crucial, comme c’est le cas pour le ministère du travail – c'est lui qui décide de la répartition économique – et dans une moindre mesure du ministère des affaires étrangères qui doit gérer les enjeux diplomatiques. Ainsi, certains commandos, de par leur nature, forçaient l’entente franco-allemande. La situation n’est pas propre au Nord. IC = ((salaire de comparaison x 300 jours) / 365 jours) – éventuels frais déductibles (nourriture, entretien, garde). Mais ce nombre contenait aussi 12 000 troufions d’Autriche, d’ailleurs strictement séparés de nous, les Allemands. Cela serait dû à l’action de la Direction générale des prisonniers de guerre qui aurait augmenté les rations. Car si depuis cette date aucun nouvel ouvrage n’est paru en France, la question a cependant été traitée sous d’autres formes au cours des années 1990. La pleine découverte de l’horreur nazie, l’avènement de l’ère atomique, l’installation dans la guerre froide puis l’avènement des guerres de décolonisations et des crises politiques de la quatrième république ont naturellement participé au processus de « marginalisation » de l’épisode de la détention des prisonniers de guerre allemands en France. Ceux qui étaient d’accord recevraient aussitôt un bon ravitaillement et des cigarettes. Si les statistiques officielles ont débuté le 15 février 1945[243], il a dû être particulièrement difficile d’effectuer des comptages précis eu égard à la désorganisation d'alors des services de l'État. En février 1945, la Grande-Bretagne demande à la France de prendre « possession » de 50 000 prisonniers allemands en plus de 50 000 autres déjà livrés, l’auteur d’une note retrouvée aux archives du ministère des affaires étrangères n’y voit alors qu’une possible compensation des « trois millions de Français » qui ont été détenus dans le Reich. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), cote 770623/84, Courrier de réponse du général Buisson au Ministre du travail, 10 décembre 1948. Cette politique de communication semble avoir été efficace au point de mécontenter une partie de l’opinion publique française, persuadée du trop grand confort dont jouissent les anciens occupants faits prisonniers. C’est aussi à cette date que le général Buisson décide de la libération anticipée de ces PG en raison des services qu’ils ont rendus. Victimes civiles en Ile de France. Les autorités savent que d’ici un an il n’y aura plus aucun PG et elles jugent probablement nécessaire d’en faire prendre conscience et d’y préparer les agriculteurs. Elle couvre quelquefois les actes les plus criminels. Pour l’historien, les années 1970 et 80 ont été synonymes d’une profonde redéfinition du rapport qu’entretiennent les Français avec la mémoire, un rapport où « la mémoire détrône l’intelligence »[510] et par conséquent, qui instaure une mémoire faite de souvenirs aux places plus déséquilibrées encore. Au demeurant, les difficultés économiques et sanitaires de l’après-guerre ne sont pas les seules causes des difficultés subies par les prisonniers. Figurant au nombre des pays d’Europe occidentale les plus durement éprouvés, le bilan de la guerre est, dans ce pays, particulièrement lourd. Or celle-ci, au vu de sa situation plus désastreuse encore, est incapable d’apporter une quelconque forme de dédommagements financiers. Autrement dit, pour Maurice Halbwachs, la mémoire – même celle d’un individu – est portée par un groupe[513]. Autre preuve de la volonté de rationaliser la réparation des PG à partir de 1947, c’est à partir de cette année que sont rédigés et communiqués, par le ministère des Forces armées, les décomptes mensuels des prisonniers mentionnant leurs répartitions par secteurs et régions. Soit dit en passant, les autorités suisses se refusent pourtant catégoriquement à accueillir les prisonniers allemands évadés de France, à tout le moins en 1945. D’où plusieurs tableaux du passé commun qui ne coïncident pas et dont aucun n’est vraiment exact »[515]. Les prisonniers ont souhaité – selon eux – protester contre des promesses de libérations non tenues. Les PG mis au service de l’agriculture sont, bien entendu, les mieux lotis : la surveillance est minime, les conditions de vie confortable – ils logent souvent chez l’habitant – et on peut supposer que l’astreinte au travail est moins sévère. Il convient dans ce cas de demander aux travailleurs allemands d'opter pour une autre profession pour laquelle il y a pénurie de travailleurs ou bien de prendre contact avec vos collègues voisins [des autres départements] pour procéder à des mutations »[417]. La capitulation allemande change la donne. Pour lui, cette désinformation n’a d’autre but que d’attenter à la paix en Europe. D’après l’armée, on ne dénombre pas moins de 53 160 tentatives d’évasion au cours du second semestre 1945 et du premier semestre 1946 : rapporté à une population de plusieurs centaines de milliers d’hommes, ce chiffre est considérable[199]. Au sein du ministère de la Guerre, le SPG jouit de facto d’une certaine indépendance vis-à-vis de l’état-major, et cette autonomie sera reconnue officiellement en mars 1947[191]. On constate d’abord que l’année 1945 se distingue clairement de celles qui suivent.