Les ressources, ou les moyens à la disposition du politicien (considéré comme un entrepreneur politique), « comprennent donc l’argent, l’information, la distribution de nourriture, la menace de la force physique, les emplois, l’amitié, le rang social, le droit de légiférer, le vote et toute une variété d’autres phénomènes47 ». 53 C. Geertz, Bali, interprétation d’une culture, Paris, Gallimard, 1983 ; Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire, Paris, Flammarion, 1983 ; M. Edelman, Pièces et règles du jeu politique, Paris, Seuil, 1991. Lacam, suivant en cela Robert Dahl, propose d’appliquer les notions d’accumulation et de restructuration empruntées au vocabulaire économique pour comprendre la manière dont les hommes politiques gèrent les ressources nécessaires pour acquérir et conserver le pouvoir. Le 19 janvier 1962, tous les partis politiques, excepté le P.P.T., furent interdits. Une simple analyse des différents types de régimes cités ci-dessus montre la prépondérance des militaires et leur présence dans tous les types de régimes. Le colonialisme était motivé par des intérêts commerciaux et géopolitiques, et fut imposé par la force. Ce sont des maux que pointe également le dernier rapport sur la démocratie dans le monde publié en début d’année par le magazine britannique The Economist. 57 Patrick Chabal et Jean-Pascal Daloz, « L’irrationnel apprivoisé : sorcellerie et religion », dans J. Ils affaiblissaient délibérément les institutions – l’armée, l’administration – et la société civile et construisaient des institutions informelles parallèles fondées sur une logique de loyauté personnelle au chef. Les deux s’accordent pour reconnaître que la chefferie traditionnelle est une invention du colonisateur et que l’État prédateur postcolonial conçu comme un outil d’exploitation des ressources plutôt que comme un outil d’autonomisation des citoyens serait « l’héritier direct du projet autoritaire de la "mise en valeur coloniale" et du style de commandement de l’administration européenne de l’époque », selon Jean-François Bayart. Au Congo, les Belges, n’entrevoyant pas d’indépendance avant 30 ans, n’ont rien préparé, de sorte que, « quinze jours après l’indépendance, le pays sombrait dans le chaos2 ». 13Pour leur part, Michael Bratton et Nicolas Van de Walle partent d’une définition similaire et prennent comme critère le degré de participation et de concurrence politiques permises par le régime. Au soixantième anniversaire du premier mouvement d’indépendances de l’Afrique, quel bilan peut-on établir de la démocratisation réelle du continent ? 35 H. E. Chehabi et Juan J. Linz (dir. Celle-ci est issue d’une colonisation de peuplement qui a commencé au XVe siècle avec l’arrivée de colons néerlandais et anglais dans la région du Cap. En bref, partout, « les sociétés africaines sont mises en demeure d’inventer les modes d’adaptation aux contraintes d’une crise durable65 ». Adebayo ADEDEJI * La situation économique de l'Afrique : vers une reprise ? « La plupart des sociétés africaines étaient effectivement des sociétés de délibération, mais cette délibération s’effectuait de façon exclusive, dans un contexte de forte hiérarchisation des statuts où seules certaines catégories sociales, notamment les hommes les plus âgés, avaient accès à la parole et à la décision », écrit l’anthropologue et historien de l’Afrique Jean-François Bayart. Dans ces deux cas, sauf la situation spécifique des colonies de peuplement d’Algérie, d’Afrique du Sud et du Zimbabwe, la décolonisation a été généralement négociée et mise en chantier par étapes. 39 Jacques Lagoye, « La légitimation », dans Madeleine Grawitz et Jean Leca (dir. ), L’Afrique en transition vers le pluralisme politique, Paris, Économica, 1993, p. 16. 2 Catherine Cocquery-Vidrovitch et Henri Moniot, L’Afrique noire de 1800 à nos jours, Paris, PUF, 2005, p. 128. 23 Francine Godin, Bénin, 1972-1982 : la logique de l’État africain, Paris, L’Harmattan, 1986, p. 45-49. Passée de la monarchie constitutionnelle (1965-1970) à une république, elle fut gouvernée par le même homme jusqu’à ce qu’un coup d’État vienne le renverser en 1994. Éditions Fondation Jean-Jaurès, 2020. Pour autant, des résistances existaient, car les travaux sur une diversité de régimes ont montré que même dans les régimes totalitaires, les individus gardent une certaine marge de manœuvre66. 1, no 3, 1981, p. 71. Ils sont regroupés par nature, selon Lacam, en ressources coercitives fondées sur la force, rétributives fondées sur l’échange, et persuasives fondées sur le normatif ; cette dernière catégorie étant en principe la seule admise dans les démocraties48. Tout l’enjeu de la démocratisation étudiée aux chapitres 7, 8 et 9, et en partie, celui de l’intégration étudiée aux chapitres 10 et 11, consiste à rompre avec ces tendances encastrées dans le néopatrimonialisme qui ont dominé la politique africaine pendant trois décennies. L'histoire de l'Afrique du Sud de 1948 à 1994 est marquée par la mise en place puis par le démantèlement de la politique d'apartheid.Successivement nommée Union d'Afrique du Sud puis République d'Afrique du Sud à partir de 1961, le pays connaît, durant cette période, un système de ségrégation raciale institutionnalisée. L’indice de 4,26 qu’attribuent les spécialistes du magazine à l’état de la démocratie en Afrique subsaharienne est le plus bas depuis 2010. Il y a 60 ans, dix-sept pays africains accédaient à l’indépendance, faisant de l’année 1960 la première étape vers une émancipation totale du continent, qui a été colonisé, esclavagisé, mis en coupe réglée par les grandes puissances européennes pendant de nombreux siècles. Ces configurations ont eu des impacts sur la nature des régimes qui en sont issus. À ces types s’ajoute un quatrième, la revendication démocratique, que nous laissons de côté toutefois pour le chapitre 7. 42 Gérard Conac, « Les processus démocratiques en Afrique », dans Gérard Conac (dir. L’évolution politique des anciennes colonies allemandes depuis 1920. 11 Michael Bratton et Nicolas Van de Walle, Democratic Experiments in Africa, p. 81. NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail, Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI, Démocratie en Afrique: des palabres aux conférences nationales, Bénin: grande messe et pluie d’hommages officiels pour Mathieu Kérékou, Bénin: mort de Mathieu Kérékou, le dictateur marxiste devenu démocrate, Mali: la CMA et la Plateforme signent un accord sur la gestion d'Aguelhok, Diary Sow, «meilleure élève du Sénégal», portée disparue en France, Un haut-reponsable américain pour la première fois en visite au Sahara occidental, Congo-B. 12Parmi les divers critères de classification possibles7, celui de l’auto-appellation ou du nominalisme est le plus intuitif. 43 Pierre-François Gonidec, Les systèmes politiques africains, p. 222. « La démocratisation par l’élection », qui fut le principal acquis des mobilisations des forces pro-démocratiques au début des années 1990, montre ses limites, avec notamment l’instrumentalisation des scrutins par les gouvernements en place. Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible. Pour C. Young, elle aidait à rendre les excès du pouvoir plus supportables alors que Comi Toulabor penche davantage vers l’idée de résistance car, selon lui, « on peut supposer que plus un État s’affiche unanimiste et intégrationniste, plus il y a des probabilités que se développe chez les gouvernés un “anti-discours”74 ». Il s’agit plutôt d’une donnée diffuse, ce qu’on qualifierait de « régime militaire » étant loin d’être une catégorie homogène45. 41 Jacques Lagoye, « La légitimation », p. 398. La troisième phase, enfin, est celle de la crise de l’État. Mais ces 10 dernières années, c’est l’enseignement supérieur privé qui a concentré l’essentiel de ce dynamisme. Ainsi, en matière monétaire, elle s’étonne que, malgré la politique nationaliste, le Bénin n’ait pas rompu avec la Zone franc contrôlée par la France. Pour autant, il est difficile d’établir des césures périodiques claires. ), Sultanistic Regimes, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1998. 62 Goran Hyden, Beyond Ujamaa in Tanzania: Underdevelopment and an Uncaptured Peasantry, Londres, Heinemann Educational Books, 1980. Dans la foulée de 1991, on n’assista pas non plus à la victoire idéologique définitive de la démocratie et du libéralisme. 69 Tiémoko Coulibaly, « La lente décomposition en Côte-d’Ivoire », Le Monde diplomatique, novembre 2002, p. 24. Cette intervention a pris des formes différentes à divers moments de l’évolution des régimes entre 1960 et 1990. L’exercice du pouvoir en Afrique postcoloniale. Cambridge University Press, 2015. On soigne l’image du pouvoir par ce qui apparaît comme une forme de socialisation secondaire destinée à créer ce que La Boétie ou Edelman ont déjà vu, à savoir une accoutumance de la population (ou des cibles, selon l’expression de Mbembé) à leur domination. Ce découpage nous permet, d’une part, de passer en revue les formes de pouvoir issues de l’enchevêtrement des logiques coloniales et endogènes dont nous avons parlé au chapitre 3 et, d’autre part, en préalable au chapitre 7, de faire l’état des lieux des contextes dans lesquels les tentatives de démocratisation ont été engagées dans les années 1990. 34 Max Weber, Économie et société, Paris, Plon, tome 1, 1971, p. 308. 32 Naomi Chazan et al., « Regimes in Independent Africa », p. 154. 30 Carlos M. Vilas, « Le populisme comme stratégie d’accumulation : l’Amérique latine », dans Le populisme en Amérique latine, p. 34. 52 Richard Joseph, Democracy and Prebendal Politics in Nigeria, the Rise and Fall of the Second Republic, Cambridge, Cambridge University Press, 1987. 50L’analyse la plus neutre est celle de Jean-François Bayart qui montre la pluralité de possibilités selon que ces modes d’action sont ou non politisés. ), Politics and Society in Contemporary Africa, p. 140. À partir de 1989, soit quelques années seulement après le lancement de ces débats, plusieurs pays connaissaient une vague de contestations menées surtout par les couches urbaines et scolarisées que Toulabor identifiait comme les moteurs des phénomènes de dérision politique. Aujourd’hui, un peu plus de six étudiants sur dix sont inscrits à l’université. « Depuis les années 1990, tous les États du continent ont instauré un processus électoral pluraliste avec la mise en concurrence des candidats, à l’exception de l’Érythrée. Seuls cinq pays ont réussi à sauvegarder des institutions et des pratiques pluralistes sur cette période : le Sénégal, l’île Maurice, la Gambie, le Botswana et le Zimbabwe. Parmi la diversité des manifestations possibles de cette vitalité, trois types ont été particulièrement dominants : les phénomènes d’« escapisme », les phénomènes de résistance et la dérision politique. La Belgique qui ne parvenait plus à cacher son impatience et son empressement à honorer le couple présidentiel […] avec une chaleur et un empressement auxquels, dit-on ici, l’on n’est pas coutumier à pareille époque. ), Rébellions-révolutions au Zaïre, 1963-1965, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 14. 2 - La pratique de la démocratie électorale est entrée dans les mœurs. Au sortir d’une longue période de dictature, ces pays organisèrent leurs premières élections multipartites qui consacrèrent la victoire de l’opposition. Il représente, en 2013, près de 18 % des effectifs d’étudiants. 10À partir de ce moment, sous une dominante autoritaire, les types de régimes se diversifient énormément. 73 Achille Mbembé, De la postcolonie, p. 140. En Afrique du Sud, cette politique d’exclusion remonte à la création de l’Union sud-africaine en 1910 avec la complicité des Britanniques qui ont colonisé le pays de 1805 à la formation de l’Union sud-africaine en 1910 et à son indépendance en 1931. Elle voit les gouvernants conforter leur emprise sur la société par l’expansion considérable des fonctions de l’État, qui devient l’acteur central de la vie politique et économique. Chazan et ses collègues remarquent que ce type de régime comprend aussi bien des pays dirigés par des militaires que par des civils. Elle représente dorénavant 14% de la population mondiale, contre 7% en 1960. Jean-François Bayart note ainsi que « les situations de contrôle politique accentué, qui dominent en Afrique noire sous les formes des régimes de parti unique, des régimes dits “militaires” des dictatures civiles et des régimes ségrégationnistes n’évacuent jamais complètement l’intervention des groupes sociaux subordonnés67 ». Trente ans après le retour de la démocratie à la faveur des Conférences nationales souveraines, l’Afrique se retrouve à un nouveau palier de son évolution politique. C’était sans compter avec les dynamiques de l’histoire, de la géopolitique et des idéologies dominantes, qui ont sérieusement compromis le processus de la démocratisation des pays africains au cours des décennies qui ont suivi les premières indépendances, suscitant parfois des doutes sur l’adéquation du modèle démocratique occidental à la manière de faire du politique sur le continent. 20 Edmond Keller, « Afro-Marxist Regimes », dans Edmond Keller et Donald Rothchild (dir. l'évolution de la position des gouvernements qui, notamment en Afrique francophone, se sont orientés vers des politiques de réduction de la natalité. Le processus de libération s’est terminé avec la chute du régime d’apartheid en Afrique du Sud en 1991. Il est instructif de remarquer que M. Nguema a finalement été renversé et fusillé par son propre neveu, le général Théodoro Obiang Ngema, qui est au pouvoir depuis lors ; et qu’Amin l’a été à la suite d’une invasion des forces tanzaniennes. 9 Michael Bratton et Nicolas Van de Walle, Democratic Experiments in Africa, p. 77-82. Dans les campagnes, on s’ajuste à un État dont on peut retirer des profits, mais qu’on ne contrôle pas. 12 Jean-François Médard, « Consolidation démocratique et changement des élites au Botswana : du parti dominant au bipartisme », dans Jean-Pascal Daloz (dir. Cette statistique présente le prix moyen du pétrole brut de l'OPEP entre 1960 et 2019. La population de l’Afrique subsaharienne aura été multipliée par près de 5 fois entre 1960 et 2020, contre 2,7 fois pour l’ensemble de l’Asie et 3 fois pour l’Amérique latine. Plus sceptique, Achille Mbembé voit non pas tant « des parodies qui sapent le discours officiel » que : une tension conviviale entre le commandement et ses cibles. Mais Chris Allen parle de « laxisme-béninisme » pour contester le caractère marxiste du régime béninois, qui n’en était pas pour trois raisons : d’abord, le rôle du parti était plus semblable à celui des partis uniques africains ordinaires qu’à celui d’un parti marxiste ; ensuite, l’adoption de l’idéologie marxiste n’avait pour but que d’incorporer la gauche estudiantine et d’attirer les fonds du bloc soviétique ; enfin, l’ensemble du système politique, que ce soit dans sa genèse, sa nature ou son fonctionnement, ressemblait plus aux systèmes en vigueur en Côte d’Ivoire ou au Cameroun qu’à ceux en vigueur au Mozambique ou en Éthiopie22. En 1991, le Bénin et la Zambie font figure de pionniers dans ce mouvement général de déverrouillage démocratique. Au tournant des années 1990, avec la chute du bloc soviétique, une nouvelle dynamique est née dans le monde en faveur de la démocratie libérale. L'évolution politique de la France ... Mais l'exécutif ainsi renforcé, est partagé entre le président de la République et le Premier ministre. Les fondements de la gouvernance africaine, 5. Certains de ces autocrates créent des partis uniques considérés comme des instruments efficaces de mobilisation. Trente ans plus tard, ces régimes n’ont pas atteint les objectifs qui ont servi à justifier leur existence, et ils ont été une des cibles principales des mouvements de protestation populaires sur lesquels nous reviendrons au chapitre 7. Dans la plupart des cas, les élites au pouvoir suppriment rapidement le pluralisme partisan et instaurent des autocraties personnelles. La décolonisation s’est faite parfois par étapes comme dans les colonies françaises et anglaises où, dès l’après-guerre, l’idée d’une autonomie des territoires commence à être évoquée ; mais elle s’est faite aussi par rupture, comme dans les colonies portugaises et belges où l’idée d’accorder l’autonomie aux territoires africains n’était pas envisagée, ce qui eut pour conséquence le déclenchement de guerres de libération. 3Ces différences sont importantes pour comprendre les formes de régimes postcoloniaux, car elles permettent de saisir pourquoi certains pays ont, immédiatement après l’indépendance, emprunté la voie de l’autoritarisme. À ces défis, s’ajoutent les conflits, qui sont l’objet des deux chapitres suivants. 65 Jean-Marc Ela, Innovations sociales et renaissance de l’Afrique noire : les défis du monde d’en-bas, Paris/Montréal, L’Harmattan, 1998, p. 145. C’est cette unicité au-delà de la diversité des régimes qui permet, au chapitre 7, de comprendre pourquoi, au début des années 1990, ces régimes ont été indistinctement traversés par une vague commune de contestations pour la démocratie. ), Le (non-) renouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Bordeaux, CEAN, 1999, p. 187-215. Comme l’ont montré Chazan et ses collègues, les institutions formelles transférées aux Africains après les indépendances étaient de nature exogène et autoritaire, conçues pour assurer la domination et peu préoccupées par la légitimité6. Ce fut d'abord dans la colonie, où existait depuis assez longtemps une petite élite indigène, essentiellement wolof et aku (descendants des anciens esclaves libérés), que se développèrent les premiers … 36 Jean-François Médard, « Autoritarismes et démocraties en Afrique noire », Politique africaine, no 43, octobre 1991, p. 97. Ces mobilisations convoquées par des mouvements citoyens, réunissant les forces sociales, politiques et religieuses, font évoluer l’organisation de la vie politique, « en créant de nouvelles règles de jeu, en évinçant les dictateurs les plus violents et en élargissant le spectre des possibles », écrit Pierre Jacquemot. Les manipulations à chaque étape du cycle électoral prennent diverses formes, allant de l’intimidation des électeurs et des candidats à la manipulation de l’organe de gestion électorale en passant par des failles dans l’enrôlement et le trucage dans le décompte des résultats. Face aux défis politiques et économiques de la période post-indépendances, la plupart des États africains instaurent des régimes autoritaires, dirigés par des dictateurs souvent violents dont les plus connus s’appellent Idi Amin Dada, Bokassa, Mengistu et Mobutu. Auteur : Marco Ramerini Dans Afrique, Asie, Colonialisme allemand, Océanie 2,359 Vues. En effet, trois difficultés doivent être résolues au préalable : d’une part, il faut choisir parmi la diversité des critères de classification. Adresse : 3744 rue Jean-Brillant bureau 6310 QC, H3T 1P1 Montréal Canada. Deux types de lois sont alors progressivement votées, c’est-à-dire des lois « secondaires » de l’apartheid mesquin (lois de moindre importance comme la séparation dans les lieux publics) et des lois « piliers » (comme la loi sur les terres des indigènes [Native Land Act]). En effet, grosso modo, une corrélation forte existe entre le mode de décolonisation et la nature des régimes qui ont immédiatement été installés. Ce type de régime a été rare dans l’histoire africaine, tout comme les totalitarismes l’ont été à l’échelle mondiale. À l'échelle de l'Afrique de l'Ouest, les unités dites « urbaines » sont parfois définies sur une base purement administrative comme au Sénégal, au Burkina Faso ou en Guinée, tandis que le statut urbain repose sur un simple seuil quantitatif de population de la « localité », comme au Ghana, en Sierra Leone, au Libéria ou au Nigeria. Dans ces conditions de recul général des libertés et de la démocratie, comment s’étonner que le désenchantement démocratique gagne les populations ? L'indépendance fut proclamée le 11 août 1960 par François Tombalbaye. 66 Voir entre autres Claude Lefort, L’invention démocratique : les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1994 ; Hannah Arendt, La nature du totalitarisme, Paris, Payot, 1990. C’est surtout au début des années 1980, au cours desquelles l’impasse politique et économique devient évidente en Afrique, que les chercheurs ont commencé à remarquer ces phénomènes de repli des sociétés. ». 21Ce concept problématique de populisme est employé ici en référence, empiriquement, au discours des pouvoirs qui mettent l’accent sur « le peuple » et « le développement à la base » et qui prétendent construire une « démocratie » et « le bonheur pour le peuple ».